Fin d'opposition entre ESG et performance financière ?
Actualité WAAGE PRO, Publiée le 15 octobre 2021Idées et débats
Deux ans après les déclarations du Business Roundtable, les dirigeants et leaders gouvernementaux du monde entier continuent de s'interroger sur une approche non plus univoque, basée sur la seule valeur actionnariale, mais plurielle du capitalisme. Pour rappel, le lobby américain, qui réunit 181 PDG de grandes entreprises américaines, a appelé en 2019 à redéfinir, dans son règlement, la finalité de l'entreprise. Dans une étude, il a même chiffré à 30.000 milliards de dollars le montant des investissements en ESG (environnement, social et gouvernance).
Pour beaucoup, il est désormais établi que l'ESG a un impact sur le chiffre d'affaires, les clients étant de plus en plus sensibles au développement durable, ainsi que sur la productivité résultant d'un engagement accru des collaborateurs généré par une crédibilité sociale et environnementale renforcée. Mais tout le monde n'en est pas convaincu. A l'instar de The Council of Institutional Investors qui a dénoncé un retour en arrière pour les actionnaires et l'ensemble de la société. Ou encore de l'ex-responsable des investissements durables chez BlackRock, Tariq Fancy, qui désormais parle de « marketing hype » pour désigner les investissements ESG et en est devenu l'un des critiques les plus virulents.
D'un autre côté, se développe une forme d'activisme de la part d'actionnaires qui imposent des administrateurs « climat » au sein des conseils d'administration. Les incentives ESG intégrées à la rémunération des dirigeants deviennent aussi monnaie courante et nombre d'investisseurs composent leur portefeuille d'actions sur la base d'un certain nombre de critères ESG, ce qui n'était pas le cas auparavant. Enfin, des dirigeants tels qu'Antoine Frérot, président de Veolia, ou Hubert Joly, ex-PDG de Best Buy, décryptent ce sujet dans leurs récents ouvrages respectifs. Preuve que la thèse d'une opposition irréductible entre la performance financière et la prise en compte des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance est battue en brèche, y compris aussi par de nombreuses et sérieuses études tant universitaires que provenant des plus grands experts du conseil en stratégie.
Source : Les echos.